La seconde colonie, dite des cartonniers
Si la première Colonie fut dissoute en 1836, on songea, dès 1837, à faire revivre le Phalanstère, avec la prise en charge d’enfants délaissés, avec l’accord des services sociaux, sous le nom de l’Institut industriel, agricole et scientifique de Condé. Le plan général de cet Institut, visant à recevoir 400 enfants, fut établi par César Daly et Morize. Malgré le versement d’une somme de 10 000 francs par les fouriéristes parisiens, cette tentative se solda par un nouvel échec.
Le 15 avril 1840, au premier banquet anniversaire de la naissance de Ch. Fourier présidé par A. Baudet Dulary. V. Considérant y annonce la constitution d’une société pour la propagation et la réalisation de la théorie sociétaire au capital de 600 000 francs. A. Baudet Dulary et V. Considérant signent un accord pour l’achat de la propriété de la Chesnaie, dite le Phalanstère, au prix de 180 000 francs. X. Chambellant est chargé de la direction des opérations agricoles.
A bout de ressources, le Dr. Baudet Dulary fut amené à vendre, en 1842, le Phalanstère et une partie de la propriété (environ 170 hectares) aux frères Chambellant. En 1844, A. Baudet Dulary s’installa avec sa famille dans la propriété actuelle de la Chesnaye qu’il avait fait construire l’année précédente.
En 1846, comptant sur l’appui moral et financier du duc de Montpensier, A. Baudet Dulary détacha de sa propriété un terrain de 34 hectares sur lequel il fit construire le bâtiment principal de la Colonie actuelle.
Une société fut crée, en 1846, entre A. Baudet Dulary, Boissy et Lenoir (l’acte d’association ne porte que ces trois noms alors que d’autres personnalités telles que Bacon, Cellier, les frères Chambellant, Felix, Luque, Pellerin, de Pompéry, Pouget, Stourme y sont associées), pour réaliser sur une petite échelle un spécimen d’association industrielle et agricole, appelée « Société des Cartonniers », visant à réaliser des cartonnages industriels.
En 1848, le bâtiment principal est terminé, au moment où la révolution qui obligea la famille royale et son entourage, dont le duc de Montpensier, à quitter la France éclata. Par suite du contexte politique, amenant, dans une vaine tentative, la société à engager des chômeurs parisiens, peu enclins à une productivité industrielle efficace, l’activité industrielle fut abandonnée.
La troisième colonie, dite du Ménage Sociétaire
En 1850, la société A. Baudet Dulary, Boissy et Lenoir loua à Pouliquen et à ses amis Foucault, Luque et Madaule la propriété pour prendre à bail la société ouvrière. Les signataires du bail s’engageaient à achever les constructions entreprises, en s’adjoignant quelques familles. Ils établissent le principe du Ménage Sociétaire, ménage commun, association ayant une unité morale et n’étant pas une simple juxtaposition de familles vivant dans un même lotissement.
En 1860, le bail accordé à la société A. Baudet-Dulary, Boissy et Lenoir ne fut pas renouvelé, par suite de la dissolution forcée de la société des Cartonniers. Pouliquen, Leclerc père / fils, et Madaule rachetèrent le bail de ce domaine de trente quatre hectares avec une maison d’habitation importante, des hangars et des écuries ayant besoin de réparations.
Une Société Civile Immobilière fut constituée dont les statuts furent délibérés et arrêtés en assemblée générale, le 11 novembre 1860. Les bases financières reposaient sur la combinaison de parts nouvelles et de constructions en vue d’obtenir des revenus par des locations occupés par les sociétaires (au prix de 7F/m2).
Cette formule allait s’avérer la bonne.